• Entretien de Pierre Mathieu avec Midi-Libre : « Notre territoire rural ne doit pas être une variable d’ajustement »

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Entretien de Pierre Mathieu avec Midi-Libre : « Notre territoire rural ne doit pas être une variable d’ajustement »

Article Midi-Libre du 7 septembre 2022 : Le coup de gueule de Pierre Mathieu :  « Notre territoire rural ne doit pas être une variable d’ajustement  »

Avec trois classes fermées sur le secteur de la communauté de communes de Grand Orb dans les Hauts Cantons de l'Hérault, le coup de colère de son président et premier adjoint de Bédarieux.

Vous avez écrit début juillet au ministre de l’éducation nationale. Vous relancez le 1er septembre la rectrice de l’académie de Montpellier. Quel est le problème sur votre territoire de Grand Orb ?

Nous enregistrons pour cette rentrée la fermeture de trois classes : une à l’école Langevin-Wallon de Bédarieux, école qui se situe au centre du Quartier politique de la Ville (QPV), une classe de sixième au collège des écrivains-combattants de Saint-Gervais-sur-Mare et une classe de première au lycée Ferdinand-Fabre de Bédarieux.

Bien sûr, pour ces établissements, nous passons dans les canons nationaux des chiffres de l’éducation nationale, mais cela ne correspond pas du tout aux spécificités du monde rural. On comprend bien qu’il n’y a pas assez de professeurs pour cette rentrée, mais notre territoire, rural, ne doit pas être une variable d’ajustement.

Quels sont ces canons nationaux de chiffres et quelle est la situation locale ?

L’école Langevin-Wallon accueille 260 élèves avec onze enseignants. L’effectif est en augmentation à la rentrée de septembre de neuf élèves, on sera à 12 en novembre. Je rappelle que le QPV est le seul du département de l’Hérault situé en zone rurale éloigne d’un pôle d’emploi. Ce sont les caractéristiques même définies et reconnues par l’état.

Or les Rep (Réseaux d’éducation prioritaire, NDLR) ou QPV à la Paillade, la Mosson ou la Devèze restent protégées, nous on nous flingue. Alors que l’école Langevin-Wallon se caractérise par un renouvellement important d’enfants accueillis en cours d’année. Que huit enfants sur dix arrivant en cours d’année habitent le QPV et qu’un sur trois nécessite la réunion d’équipes pédagogiques. Sur cette école, on compte onze enseignants et dix AVS, c’est symptomatique de ces quartiers prioritaires où les enfants ont besoin d’être accompagnés.

La directrice était déchargée à 50 %. Selon des promesses faites au mois de mars, elle devait l’être à 100 %. Or en juin, nous apprenons que nous perdons une classe. Et royalement, on lui accorde 25 % de décharge supplémentaire, soit 75 %.

Au collège de Saint-Gervais, 130 élèves de notre territoire mais aussi de la communauté de communes des Monts de Lacaune avec des enfants de Rosis, Murat, Castanet… Sept à huit familles ont vu leur dérogation acceptée pour y scolariser leurs enfants et pourtant on perd une classe. Avec pour conséquence le projet de la classe de Segpa mis à mal.

Enfin, au lycée Ferdinand-Fabre, une des deux classes de première ferme et il faut revoir la répartition des élèves.

Ce qui m’inquiète dans la fermeture de ces trois classes, c’est le paradoxe avec la tendance démographique de notre territoire. Les chiffres de l’Insee ne sont pas encore officiels, mais la population de Grand Orb serait en augmentation de 2,5 à 3 %. Des gens s’installent chez nous. Nous ne sommes qu’à 30 minutes de Béziers, 32 minutes exactement en TER. Nous ne sommes pas au bout du monde.

On parle beaucoup d’équité territoriale mais là, on est à côté de la plaque. L’état enlève des chances aux enfants de ce territoire, où est l’équité ?

Qu’allez-vous faire ?

J’ai donc écrit au ministre de l’éducation nationale qui m’a renvoyé sur la rectrice. Le Dasen (directeur académique des services de l’éducation nationale) me recevra début octobre.

Je demande que l’éducation nationale sursoie à ces trois fermetures. J’ai alerté les élus maires et conseillers communautaires, notre députée, le préfet et le sous-préfet et je m’apprête à écrire à Dominique Faure, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de la ruralité.

La politique de la ville, c’est de l’aménagement du territoire. Il doit y avoir cohérence entre les mots et la réalité des choses. Nous ne lâcherons rien. Nous avons marqué une pause pour laisser la rentrée scolaire se faire mais nous restons mobilisés.

La même problématique va se poser dans d’autres secteurs.

C’est-à-dire ?

Pour la santé à Lamalou-les-Bains, nous craignons des fermetures de lits. C’est la même chose pour la gendarmerie avec des effectifs qui ne sont pas calibrés comme ils devraient l’être. Même si, ce mardi matin, nous avons eu le plaisir de rouvrir la brigade de Saint-Gervais-sur-Mare qui aura une permanence tous les mardis matin avec deux gendarmes pour accueillir la population. C’est un plus.

Finalement, la gendarmerie nous traite mieux que l’éducation nationale.

Propos recueillis par Caroline GAILLARD, MIDI-LIBRE

La Communauté de communes

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